Oh petite chose, que tu étais jolie, chou et tout ce que tu veux quand tu étais chaton, toutes les femelles de la terre aurait voulu te cajoler, t'élever, te transmettre leur savoir. Mais moi je ne te voulais pas. Et en tant que mère involontaire, en tant que victime, tu n'es qu'une erreur, et un traumatisme. Quand je te voies je ne peux que me souvenir de son visage, pourtant si doux, mais qui ce soir là avait un sourire méchant, mesquin. Son corps ô combien magnifique pour tant d'autres, je ne pouvais que l'imaginer sur moi, alors que je n'arrivais même pas à hurler d'effroi.

Et quand je marche, et que je sens que je peux enfin dépasser la frontière de cette tribu dont je suis à moitié prisonnière pour venir te trouver, te faire mal, je suis comme délivrée. Je me fiche royalement de la Tribu de l'Eau du Givre. Ce que je veux c'est les amené à une guerre, au sein même de leur Tribu, qu'elle soit coupée en deux, et que je puisse en profiter pour prendre le contrôle de la partie qui sera infidèle à Ange. Je vais les monter contre leur petite meneuse.

Ce que je désire c'est sentir le sang chaud et si rouge des futurs victimes, respirer l'odeur des cadavres étendus sur le sol, et prendre ma revanche sur ma pâle existence. J'étais trop innocente quand j'y repense, j'aurai dû me défendre dès le début. Mais où avais-je la tête alors ? Le monde est cruel, avide et cupide, il ne vous laissera jamais un instant de repos, et les "cadeaux" sont comme les roses, jolis, mais ils ont des épines, qui vous blessent.

- Pas le temps de penser à ça !

Mes yeux s'illuminent et mes pas s'accélèrent. J'ai hâte de te voir, mon enfant. Ce mot me répugne. Je la hais, je la hais autant que je hais son père. Je ne voulais pas, et ne veux toujours pas être sa mère. Si cette saleté de patrouille ne m'avait pas interrompu dans le meurtre de ma fille, elle serait morte, noyée.

Je m'arrête devant elle. Elle... Me ressemble un peu. Je dois l'avouer qu'elle est bien foutue, qu'elle a l'air innocente, mais je compte bien lui arracher cette foutue innocente. Les gens faibles et naïfs n'ont pas leur place dans ce monde.

Dans un bond je saute sur mon enfant et la renverse, la plaquant de tout le poids de mon corps, je mêle son souffle au mien. Vite je repars, pour me replanter devant elle, mettant la tête à son niveau. La pauvre est toujours sur le sol. Et qu'est-ce qu'elle peut être fragile !

- Bonjour jeune fille. Que fais-tu ici, seule ? C'est dangereux pour une chatte de ton âge.

Elle semblait surprise que j'ai eu l'audace de m'opposer à elle, de la renverser. Malgré tout elle ne perdit pas son temps et se releva de ce pas, alors que je la regardai d'un grand sourire faussement amical, un sourire remplit de mauvaise foie.

Cette enfant était jeune et stupide, naïve et ignorait tout de la vie. Elle ne savait pas qui elle était, ses origines, elle les ignorait, moi je les savais par cœur, je les connaissais, mais je n'aurai pas voulu. Je ne souhaitais que sa mort. Mais après sa mort, qu'est-ce que je pourrai faire ? Depuis des jours déjà, mes pensées bouillonnaient à l'idée d'arracher la vie à Onde, mais jamais je n'avais pensé à ce que je souhaitais faire après.

J'aimais être mystérieuse, les autres se méfiaient de moi ou essayaient de sympathiser, d'autres restaient neutres, ne sachant pas trop à quoi s'attendre avec moi. Ils avaient raison d'être méfiants. Oui, après la mort de ma fille j'obligerai la Tribu de l'Eau du Givre à se fendre en deux, je prendrai le contrôle d'une des deux parties, renverserait l'autre, attaquerait et décimerait la Tribu du Ciel de l'Aurore mais... Non, c'était encore trop doux. Je ne tuerai pas ma fille sans avoir éradiqué devant ses petits yeux tous les chats qui lui sont chers, les membres de sa Tribu.

Que je peux être mauvaise. Je glousse doucement, un gloussement sinistre en pensant aux tortures que je pourrai mettre en place pour les faire souffrir, pour le plaisir bien entendu. Ben oui, dans ce monde de brute, autant se comporter comme tel, et en avoir le plaisir.

- Soigneuse du Ciel d'Aurore. Je pourrais vous retourner la question, étrangère.

Soigneuse ? Pff... Elle comptait m'impressionner comment ? Génial, elle connait les plantes, elle a la bénédiction des... Des... Des morts ?! Je ne peux qu'en rire. Qu'est-ce qu'il peut y avoir dans le ciel si ce n'est les étoiles et d'autres planètes ? Ah oui, j'oubliais, les étoiles sont les chats défunts. Je n'en croie pas un mot. Comme si qu'il existait une vie après la mort, c'est absurde, et si c'est le cas, pourquoi se battre pour continuer de vivre, alors que ce qui nous attend après est mieux que ce qu'on possède actuellement ? Bref, absurde.

- C'est cool de savoir reconnaître les plantes, j'espère que tu fais bien mu-muse avec. Ah, et mon nom est Illusion, vermine. Ne croie pas m'impressionner par ton grade de Soigneuse, il n'est rien pour moi, je n'en ai que faire des Tribus et leur hiérarchie.

Avec soin je sors mes griffes et me mets à tourner autour de Onde.
Je la surveille depuis des jours déjà.
Je l'épie depuis quelques temps déjà.
Je savais qu'elle allait venir là.
Parce que je l'ai entendu, et elle est facile à deviner.

- Mon nom n'est qu'Illusion, et pas Onde-je-ne-sais-quoi. Je suis une chatte libre, une chatte qui était libre de ce monde cruel. Mais toi...

Je me pince avec violence les babines, m'évitant de dévoiler la vérité.